Georges Dioudj Ndour

Samba prit du temps pour faire son deuil. Pendant de nombreux jours il resta dans sa bulle pour pleurer toutes les larmes de son cœur. Il en voulait à sa famille, à sa mère notamment. Pourquoi lui avait-elle caché la vérité ? Pour le protéger ? Pour se protéger ?
- Excuse-moi mon cœur, je reconnais mon erreur mais je savais la relation qui te liait à lui. En plus tu es en terre étrangère, saurait été dur de supporter. Mais je savais qu’il fallait te l’annoncer, je n’étais pas prête mon fils, pardonne à ta pauvre mère !
Samba et sa mère eurent des moments comme ça où ils pleuraient au téléphone, ça les rapprochait. Le jeune homme nourrissait le désir d’être près de sa mère, le seul parent qui lui restait. Il voulut quitter le Maroc et la rejoindre au Sénégal.
- Non frère ! C’est bientôt les vacances, tu pourras rentrer au pays. Et puis le mal est déjà fait. Il faut prier pour ton père, c’est tout ce qui reste ! Lui dit Pierre.
- En effet frère, c’est dur mais c’est la vie. Dieu est grand ! Enchaina Thierno.
Ensemble, ils eurent pendant des heures des discussions de ce genre. Il leur arrivait de pleurer, de rire, de garder le silence. Pierre et Thierno aidèrent à leur manière leur frère à faire son deuil. Ils découvraient en même temps leur humanisme, leur maturité humaine.

Samba apprit de la bouche de ses cousins de Podor que ses deux demi-frère, Momodou et Karim se donnaient en spectacle à Podor à propos de l’héritage. Au Sénégal, l’héritage est une des causes de cassure de beaucoup de familles. Qui devait hériter ? Que devait-il hériter ? Est-ce que le défunt avait fait un testament ? Quelle interprétation donner au testament ? Toute ses questions demeuraient d’habitude sans réponse où étaient interprétées de différentes manières, suivant les intérêts de chaque partie.
Momodou, celui-là qui avait renié sa famille et qui était parti dans le sud pour assouvir ses passions de Don Juan était revenu au bercail après 5 ans sans donner de nouvelle, tel un enfant prodigue. De son vivant, son père l’avait aussi renié même s’il continuait à l’aimer:
- Il n’aura rien dans la vie s’il n’a pas ma bénédiction. Je ne suis pas fière de lui ! Avait l’habitude de dire Yoro, le pater.
Momodou voulait que son Père lui laisse gérer ses affaires, devant le refus de celui-ci il quitta la maison :
- Tu es jaloux de moi, car tu sais que je travaille mieux que toi. Tu es un aigri Papa. Je n’ai pas besoin de ta richesse. Tu verras que ton fils vaut mieux que toi, lui asséna t’il le jour de son départ de la maison familiale, sous les larmes de désespoir de Soukeyna, sa mère. Momodou n’avait certes pas demandé l’héritage comme le fit l’enfant prodigue mais vendit deux terrains appartenant à son père à son insu et partit vers le sud où il devint la terreur des jeunes filles. Là-bas il menait une vie de débauche, buvait et perdit tout son argent. Même les clochards étaient mieux lotis que lui.
De son coté, Karim, l’autre demi-frère de Samba, qui s’était enfui à Saint-Louis après avoir détourné l’argent de son père revint à la maison et prétextait agir sous l’emprise du diable. - J’avoue que j’avais agi de la mauvaise des manières, on m’a marabouté pour me détourner de ma famille, c’est sûr !!! Tout Podor était au courant des intentions des deux progénitures du sage Yoro.
Samba eut peur pour sa mère, il savait qu’elle était en danger face à ces rapaces. Mais celle-ci n’avait nulle part où aller. Yoro était toute sa vie.
Soukeyna continuait à mener la vie dure à sa coépouse et faisait tout, avec l’aide de ses deux fils bien sûr pour bouter Oulimata, la mére de Samba hors de la maison.
Leur dessin était que Samba n’ait pas sa part d’héritage. Ils savaient que Samba était l’enfant préféré de Yoro même si celui-ci de son vivant feignait de le montrer.
- Maman ne quitte pas la maison ! C’est notre maison, ils n’ont aucun pouvoir sur toi ! Ils peuvent prendre l’héritage, moi je n’en ai pas besoin ! Lui dit Samba au téléphone.
Le jeune homme demanda à ses cousins Ablaye et Demba de veiller sur sa mére jusqu’à son retour sur Podor.

Samba avait trouvé du réconfort auprès de Rougui, qui, dès les premiers jours ne cessaient d’appeler son petit copain pour lui remonter le morale. Ceci plut à Samba. Rougui gagnait petit à petit des points au près du jeune homme. Samba le lui rendait bien et faisait des efforts en ce sens. L’espoir renaissait en Rougui . Elle avait conquis le cœur du jeune peulh.

Elle n’avait plus donné de nouvelles. Elle s’était éloignée de Samba depuis leur court flirt dans le salon de l’appartement. Mais Myriam ignorait le malheur de Samba.
- Excuse-moi mais je n’étais pas au courant. J’ai su la nouvelle à travers une amie de la fac. Mes sincères condoléances. Tu pouvais me le dire au moins,lui dit-elle un jour juste après les cours.
- Ce n’est pas grave. C’est la vie. Coupa Samba.
La jeune berbère s’en voulait à elle-même. Elle se rendit compte qu’elle n’était pas là quand son ami avait le plus besoin d’elle. Elle avait honte et voulait se racheter. Elle décida de se rapprocher un peu plus de son ami. Myriam admit au fond d’elle son amour pour Samba. Elle ne voulait plus rejeter ce feu qui brulait en elle. Elle décida de prendre les choses en main. Un soir, elle décida de faire une surprise à Samba. Elle se pointa chez lui alors que le jeune homme était dans sa chambre. Pierre partit ouvrir et tomba sur la jeune fille.
- Myriam, quelle surprise !!!
Myriam se faufila dans la chambre de Samba pendant que celui-ci s’était étalé sur le lit, les yeux dans le vide.
- Je m’excuse Samba ! Je m’excuse pour mon comportement de l’autre fois. Samba sursauta du lit et se retourna. Il admira la belle silhouette de sa dulcinée. Jamais Myiam n’avait osé rentrer dans sa chambre auparavant. La voilà debout avec toute sa beauté dans son entre.
- J’avais peur de tomber amoureux, peur des préjugés, peur de la relation. Je me savais protégée au prés de toi, mais ce n’est guère suffisant dans un pays comme le Maroc. Tu connais notre société …
Samba se leva d’un coup et s’approcha de Myriam. D’un coup de pied, il ferma la porte entrebâillée puis embrassa la jeune fille sur la bouche. Myriam soupira et se laissa aller. Elle prit du plaisir. Samba étala la jeune berbère sur le lit. Ils pouvaient alors savourer leur amour. Le désir physique l’emportait sur tout.
Ils firent l’amour pour la première fois, c’était si doux qu’ils prirent toute la soirée pour assouvir ce désir physique. Ils assumèrent leur acte et s’admiraient le corps.
Le parfum du corps de Myriam restait sur Samba, le jeune homme le humait et continuait à savourer ces moments passés avec la jeune berbère.
Ils roucoulèrent leur amour et n’eurent plus honte de le montrer. Ils sortaient se promener au jardin Majorel 2 ou à Gueliz. Samba retrouvait son amour, celle que son cœur avait choisi. De bouche à oreille, Rougui apprit la nouvelle. Elle en voulut à Samba. Elle ne pouvait imaginer un tel affront mais à la surprise générale, sa maturité l’emportait sur tout. Elle ne lui dit rien mais avait arrêté de l’appeler. Elle l’aimait tellement au point de souhaiter que son bonheur. Elle se disait au fond d’elle que le jeune homme lui reviendrait tôt ou tard.

C’était un Dimanche soir, Samba était assis dans sa chambre quand il reçut un appel. Il ne connaissait pas ce numéro et hésita à décrocher. Il prit son courage à deux mains et prit l’appel.
- Allo, Samba dit l’homme au bout du fil.
Samba sourit, il avait reconnu la voix, il posa son livre et se leva.
- Sébastien, mon frère !!!

(à suivre…)

Légende

  1. Espoir en Wolof
  2. Jardins Majorel